Voeux 2022 – L’année du loup ?

En ce début d’année 2022, j’ai adressé à mes clients de randonnée un message de vœux un peu particulier. Un message militant, dérangeant, mais aussi porteur d’espoir et de solutions, que je vous invite à découvrir…

Bonjour à toutes et tous.

Je vous souhaite à mon tour une bonne année 2022.

J’aimerais aussi vous faire part d’un conte amérindien Cherokee, que certains d’entre vous connaissent peut-être déjà…

« En tout humain il y a deux loups, dit le vieux Sachem.
Un noir et un blanc.
Le noir est sûr de son dû, effrayé de tout, donc colérique, plein de ressentiment, égoïste et cupide, parce qu’il n’a plus rien à donner.
Le blanc est fort et tranquille, lucide et juste, disponible, donc généreux pour ne pas se sentir agressé par les événements. »

Un enfant qui écoute l’histoire lui demande :
« Mais lequel des deux vais-je devenir, alors ?
– Celui que tu Nourris. »

Depuis des années, la planète souffre. Notre terre mère, qui nous a donné la vie, qui nous héberge, nous nourrit, et que nous partageons avec des millions d’autres espèces, souffre de nos excès. De notre soif jamais étanchée, de notre appétit jamais rassasié. Les mises en garde sont nombreuses, mais il semble que, malgré les beaux discours et les belles intentions, rien à ce jour ne parvienne à infléchir la trajectoire destructrice sur laquelle l’humanité est engagée.

Le climat, la misère, l’épuisement des ressources, la pollution de nos sols et de nos océans, la 6ème extinction de masse… on sait bien, mais après tout, que pouvons-nous faire ?

Ces 2 dernières années, nos vies ont été profondément chamboulées, bouleversées. En mars 2020, on chantait, on applaudissait, on rêvait, on espérait pour « l’après » un monde meilleur…

Aujourd’hui, presque 2 ans plus tard, il faut se rendre à l’évidence : rien n’a changé. La vie à repris son cours, comme avant. On nous met toujours les même disques rayés : l’économie, le chômage, la crise, la peur de l’inconnu, de l’autre, de l’étranger, mais il y a maintenant une peur nouvelle : celle d’un virus microscopique, invisible à l’oeil nu, qui peut se cacher partout. Pendant que le monde occidental n’a de pensée que pour le virus, matin, midi et soir, pendant que chacun cède à la peur (de perdre son mode de vie, ses acquis, ses loisirs…) le pillage des ressources continue de plus belle.

La destruction des écosystèmes, la pollution, l’exploitation de peuples entiers (nos frères et soeurs humains, nos enfants) pour que l’occident puisse continuer de vivre un train de vie indécent, insoutenable. Cette société consumériste, de l’apparence, détruit notre habitat (la terre) et notre humanité. Elle nous isole dans un monde virtuel, numérique, déshumanisé ou les relations humaines sont réduites à peau de chagrin.

Comment en sommes-nous arrivés la alors qu’on souhaite tous un monde meilleur ? Je pense que nous nous sommes trompés (collectivement) car nous avons suivi la voie de la peur et du repli sur soi. Nous avons nourri notre loup noir, au lieu de nourrir notre loup blanc.

A la manière de cet indien Cherokee, et dans la continuité des échanges que nous avons eu cet été, j’aimerais vous inviter à réfléchir, chacun, en son âme et conscience à ces quelques lignes.

Je ne veux heurter personne. Il ne s’agit pas de juger ou de pointer du doigt qui que ce soit, car les divisions sont déjà assez nombreuses, et mon propos se voudrait, au contraire, rassembleur.
Je souhaite vous partager ce point de vue, sûrement différent, pas en « réaction » à un brouhaha quotidien, mais avec une certaine largeur de vue, une « profondeur de champ » issue d’années de réflexions et d’actions concrètes, avec leurs réussites et leurs échecs. Ensuite, libre à chacun d’y réfléchir, ou pas. De prendre acte dans sa vie, ou non…

Proposer de l’aide à un voisin, à une personne âgée de notre entourage. Aider quelqu’un spontanément dans la rue. Passer du temps ensemble et reconstruire notre humanité en ruines.
Lâcher ses écrans pour retrouver de vrais rapports humains. Faire preuve d’écoute, de bienveillance…

C’est un peu ce que nous vivons à travers une semaine de randonnée itinérante en montagne, alors pourquoi ne pas en faire un mode de vie ?

Cela vous semblera peut-être dérisoire, mais c’est la base de tout si nous voulons œuvrer pour une société et un monde plus justes, plus respectueux de chacun. Sortons de nos cocons d’impuissance, de nos bulles de confort, et ensemble, réparons notre planète et notre humanité meurtries par tant d’années d’indifférence.

Sur ce, je vous souhaite une très belle année 2022, remplie de joie, d’échanges et de partage, d’entraide, de solidarité, dans l’action et la perspective de rendre chaque jour ce monde meilleur (pas juste pour nous, mais pour tous). Je vous souhaite bien sûr la santé, du sport et des sorties au grand air, mais aussi des débats sans fin, parfois des prises de bec, des déceptions, des peines… car c’est cela aussi la vraie vie.

Avec mes amitiés sincères.

Aurélien

PS : j’avais évoqué avec certains de mes groupes de l’été la lecture de « Manières d’être vivant » de Baptiste Morizot. C’est beau, c’est bien écrit, et riche d’enseignements et de remises en question.
Le conte Cherokee est abordé dans ce livre, mais pour servir le propos de la nécessité d’une collaboration inter-espèces, de se décentrer de notre point de vue juste humain pour prendre en compte l’ensemble des intérêts de l’ensemble des habitants de la planète, humains et non humains.
Le reste, ce sont mes réflexions personnelles, construites au fil des moments passés dans la nature, déconnecté de la société de consommation, et alimentées par des lectures telles que ce livre.

PPS : pour ceux et celles qui veulent aller plus loin j’ai élaboré une petite présentation (mini-conférence de 2h environ, sobrement intitulée « réflexions sur notre mode de vie post-moderne ») au cours de laquelle je développe ces aspects de notre relation à la nature que l’on a perdu, et comment les retrouver. Je souhaite donner ces présentations a toutes les personnes intéressées, et de façon non rémunérée (éventuellement prise en charge des frais de déplacement si c’est loin). Il suffit d’avoir une salle et de réunir une 10aine de personnes intéressées par le sujet.
C’est une nouvelle approche pour continuer, approfondir le travail que je fais depuis des années en montagne : celui de faire découvrir une nature qui n’est pas qu’un sanctuaire, un décor de carte postale, ou un lieu de loisir, mais qui nous héberge, nous nourrit, qui est tissée de mille liens d’interdépendances, et dont nous avons bien plus besoin qu’on ne le croit…

J’espère que ce texte fera boule de neige, en tous cas s’il vous parait pertinent et si vous voulez le faire suivre à vos proches, n’hésitez pas !