L’ascension au Grand Galibier (3228m) par la voie normale (vallon de la Ponsonnière, lac Termier) est accessible à tout bon randonneur après que la neige ait disparu des pentes sommitales.
Mais le week-end dernier, c’est par le Couloir de la Clapière que nous avons atteint le sommet, avec une ascension quasi directe de 800m. Cette ascension s’effectue dans un couloir de neige, qui sort entre les pointes est et ouest du Grand Galibier.
Nous avons été gâtés pour ce week-end de montagne avec une excellente météo, un bivouac tip top, des jours longs, un bon regel nocturne. Pour couronner le tout nous étions presque seuls au sommet (une seule autre personne) !
Alors voila je vais vous livrer dans cet article le récit de ce superbe week-end, accompagné d’un petit topo tout en photos du Couloir de la Clapière.
Récit de l’ascension
Samedi 23 juin : le bivouac
Il fait beau et chaud à Lyon. C’est avec grand plaisir et aussi avec une certaine impatience que nous partons avec mon ami Alex pour un week-end de montagne qui s’annonce excellent.
Départ en début d’après midi de Lyon pour faire la route par Grenoble, La Grave et les cols du Lautaret et du Galibier. Le cheminement sur les routes sinueuses donne à ce voyage un petit air de vacances plutôt agréable.
Après une petite pause pour contempler la vue dégagée au col du Galibier, nous avons laissé la voiture au lieu dit Bonnenuit. Nous montons dans la prairie au dessus du lac des Mottets et installer notre bivouac.
Dimanche 24 juin : l’ascension du Galibier
Réveil matinal à 4h30 pour un petit déjeuner rapide et démontage de tente. On laisse tout le matériel de bivouac sur place et on monte en direction du couloir.
On chausse les crampons et on sort les piolets pour passer rapidement le petit glacier (névé ?) non crevassé et commencer l’ascension du couloir de la Clapière. C’est parti pour 800m de montée quasi directe dans des pentes de neige et de glace de 45 à 50°.
Il n’est que 6h du matin mais le soleil illumine et réchauffe déjà la neige dans le couloir. Nous nous élançons sur la gauche du couloir pour profiter de l’ombre des rochers. Nous évitons les goulottes qui sont des collecteurs naturels des pierres qui chutent des falaises au dessus.
Ascension du couloir de la Clapière
Le premier tiers de la montée se déroule bien dans des pentes à 45° lorsque soudain j’entends le bruit sec d’un éboulement. Sans réflechir je crie à Alex « pierres » avant de voir un bloc de la taille d’un tabouret s’exploser en des milliers de petits morceaux sur les falaises qui nous surplombent.
On se couche sur la neige avant d’être attaqués par une pluie fine de petits cailloux mêlés de glace. Les blocs plus gros ont été déviés et évacués par la goulotte. Une fois passé le déluge, je traverse très rapidement la goulotte dans le second tiers, ou le couloir oblique vers la droite pendant qu’Alex surveille et écoute d’éventuelles chutes de pierres.
Une fois hors de danger, je surveille à mon tour pendant qu’Alex traverse le second tiers, sans difficulté. Nous entamons enfin la dernière partie, qui se trouve être plus raide que ne l’annonçait mon topo.
C’est une belle rampe à 50° (un bon 50) qui se dresse devant nous, au lieu des pentes à 45° annoncées. Il n’est que 7h30 et déjà il fait très chaud dans le couloir. A force de faire la trace, mes mollets commencent à fatiguer, je faiblis et ralentis.
L’arrivée au sommet du Galibier
Dans la dernière partie à l’ombre le regel est meilleur et les crampons accrochent mieux. La trace est également plus confortable avec de belles marches bien tracées. Nous arrivons au petit col, rattrapés par un local de la vallée, monté seul, qui vient ici pour la 3ème fois cette année !
Nous sommes ensuite montés jusqu’au sommet Ouest par un enchainement de névés et de pas d’escalade faciles, pour contempler la vue. La descente par l’itinéraire classique de randonnée du lac Termier (gelé) et du col de la Ponsonnière est magnifique, et les pentes de neige douces nous ont permis quelques glissades sans danger.
Le topoguide du Couloir de la Clapière (Galibier)
Ce topoguide décrit l’ascension au Galibier par le Couloir de la Clapière (alpinisme). Pour un accès en randonnée (à partir du mois d’août), consultez l’excellent topo d’Altitude Rando.
Difficulté
Cotation : PD+ 45° dans le couloir. Pente de 50° sur 150m environ.
Accès
Après Valloire , prendre la direction du col du Grand Galibier et à Plan Lachat, emprunter la piste caillouteuse qui va aux Mottets .
Carte : Névache 3535 OT au 1/25000.
Altitude Départ : 2137 Altitude Arrivée :3228
Dénivellé : 1100
Horaire : 3h à la montée, 3h à la descente, soit 6h au total. Cet horaire est variable selon les conditions du couloir. Il est préférable de partir tôt, car le couloir est en fait orienté NE et prend le soleil dès les premiers rayons.
Matériel
[protected]Par personne : Crampons, piolets (de préférence 2 piolets techniques), casque, baudrier, chaussures d’alpinisme étanches et cramponnables, guêtres, vêtements étanches et respirants, gants, vivres de course
Pour le groupe (en cas de réchappe) : une corde, quelques broches à glace (si le couloir est en glace), quelques sangles et mousquetons (peu de becquets pour s’assurer)
Itinéraire (montée)
Des Mottets, le couloir est bien visible. Remonter la prairie en se dirigeant vers le couloir. La moraine comporte des gros blocs instables, qu’il est préférable d’éviter en la grimpant par le côté gauche.
Prendre pied sur le glacier et se diriger vers le couloir en passant bien a gauche des goulottes. Le remonter à gauche jusqu’a traverser plusieurs goulottes. Les passer très rapidement en ouvrant l’œil pour éviter d’éventuelles chutes de pierres.
La partie un peu plus raide se situe un peu après, lorsque le couloir change de nouveau d’orientation et repasse à l’ombre. Cette dernière pente est un peu plus raide, mais la neige y est généralement meilleure, lorsqu’il y a eu du regel, bien sûr !
Une fois au col, traverser une petite pente de neige à droite puis remonter un peu plus loin sur l’arête que l’on suit jusqu’au sommet ou se trouvent une antenne et une petite croix.
Descente
En partant très tôt, il est possible de redescendre par le même itinéraire. Pour plus de sécurité nous avons préféré la descente par le lac Termier, et c’est l’option que je vous recommande. La descente emprunte de larges combes enneigées présentant peu de risque de chute et de glissade. Retrouver le GR au col de la Ponsonnière et le suivre jusqu’au parking.
Cet itinéraire bien que plus long est beaucoup plus sécurisant à la descente, et la vallée est de toute beauté à cette saison avec les prairies en fleurs.
Et vous, avez-vous déjà parcouru ce couloir ? Envisagez-vous d’y aller ?
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